Donald Trump n’est pas Africain
Donald Trump n’est pas Africain. Donald Trump, le président américain qui avait promis à ses partisans qu’il allait Make America Great Again en lui rendant la dignité de son passif ségrégationniste légal est Américain. Il est très clairement, que dis-je, Blanc ET Américain, de ces attributs qui, devant la réalité de sa défaite aux présidentielles de 2020, devraient seuls suffire à contraindre chez lui l’adoption de l’attitude puérile et disgracieuse du mauvais perdant.
Non. Si Trump avait été Africain, il aurait refusé de féliciter son adversaire, menacé de ne pas quitter le pouvoir, contesté sa défaite avec des arguments risibles tendant à justifier l’écart de 5 millions de voix et de 76 grands électeurs qui le sépare de son opposant. S’il avait été Africain, il allait geindre et gesticuler en faisant mention des fameuses “graves irrégularités” que l’on entend comme un refrain à chaque fois qu’un processus électoral se déploie dans la plupart des pays d’Afrique noire. S’il avait été Africain, il n’aurait pas sagement opté pour la paix dans son pays ; bien au contraire, il aurait vu ci et là des cas de tricheries, aurait crié à la fraude et au scandale, se serait époumoné en invectives creuses parce qu’irréalistes sur le complot politique dont il serait victime et aurait accusé le mécanisme de suppression des votes des minorités ethniques (qu’il a lui-même raviver) de se rebeller contre lui.
Si Trump avait été Africain, il aurait instrumentalisé ses enfants (placés, en bons Africains, à des postes clefs de son administration) afin qu’ils parsèment les réseaux sociaux d’intox déroutantes en stigmatisant les fake news qui lui sont défavorables. Il aurait affirmé des contrevérités évidentes, certaines démontées par des preuves vidéographiées. Il aurait fait porter le blâme de son échec à tout le monde sauf à sa politique faisandée. Il se serait entêté à emprunter le chemin de l’affrontement judiciaire en faisant perdre un temps considérable aux populations et en paralysant temporairement les institutions. Enfin, il aurait suggéré à ses partisans de descendre dans la rue et de semer la chienlit en inspirant, par ses propos tonitruants, les prémisses d’une insurrection.
Mais Trump n’est pas Africain, ô que non ! Comment aurait-il pu l’être, lui qui, de toute façon, ne voit dans ces nations africaines qu’il n’a jamais visitées que des « pays de merde » ignobles et ignorants du minimum bienséant en matière de démocratie ? Non, Trump est fièrement Américain et, surtout, fièrement Blanc. Ce qui signifie qu’il possède, dans son essence même, la grandeur d’esprit et la disposition qui, paraît-il, sont inhérentes à cette race supérieure d’êtres humains.
C’est “historiquement prouvé” si l’on en croit nos manuels scolaires et nos programmes télévisés, si l’on écoute les propos de la majorité des savants à la tête de nos États putréfiés et si l’on comprend les intentions de nos leaders avant-gardistes des mœurs suroccidentalisées. C’est ce qui est clamé, même vociféré, par nos célébrités qui n’ont de cesse que de chanter que « les ennemis de l’Afrique, ce sont les Africains », par nos tuteurs politiques qui n’ont de cesse que d’affirmer que « l’Afrique n’est pas assez mûre pour la démocratie », par nos érudits colonisateurs et donneurs de leçons qui attestent que la défaillance du continent noir est avant tout congénitale, qu’elle est d’origine essentiellement raciale, qu’elle est une fatalité consécutive à une forme ou une autre de malédiction divine et que, quoique l’on puisse dire, « les Africains sont comme ça ».
Donald Trump n’est donc pas Africain et jamais, ô combien jamais, pourrait-il se comporter comme on le fait chez nous les Africains, comme on le fait chez nous les Noirs, comme on le fait chez nous les pauvres, comme on le fait dans nos “pays de merde”, c’est-à-dire “comme ça”…………….. n’est-ce pas ?
Eh bien, voilà...